Le Rayon Vert de Midgard

| May 31, 2015 | 0 Comments

Par Gythia Eowyn OR

Rien ne peut demeurer d’or.
De Robert Frost 19874-1963.
D’or est le premier vert de la Nature,
Nuance à maintenir la plus dure.
Sa première feuille est une fleur ;
Mais uniquement pour une heure.
Puis les feuilles se succèdent.
Et l’Eden au chagrin cède,
Le jour remplace l’aurore.
Rien ne peut demeurer d’or.

J’ai une petite horloge – une Westclox Baby Ben – que j’ai reçue comme cadeau de Yule étant enfant. Des décennies plus tard, elle évoque de forts souvenirs de mon enfance et particulièrement celle de cette période de Yule où j’ai écrit ma lettre adressée au « Père Noël du Groenland » lui demandant cette petite horloge qui – pour tant de raisons puériles – me fascinait. J’écrivais également des lettres au nom de mes frères et sœurs et je les donnais à mon père pour qu’il les poste pour moi. Au fil du temps, j’ai souvent regardé cette horloge, me remémorant des événements du passé et souhaitant toujours croire au Père Noël du Groenland ! Groenland : quel nom intéressant pour le pays d’où vient ce dernier ! Comme c’est symbolique au sujet de quelque chose que nous perdons en grandissant et que « la vie » prend le dessus !
Qu’entendons-nous par « la vie prend le dessus » ? C’est l’état d’esprit qui se concentre sur le progrès mondial et est principalement mesuré comme une course contre la montre vers le progrès matériel : scolarisation, emploi, familles, hypothèques ; dans l’opération, nous oublions nos rêves d’enfant et notre perception du monde. Fait intéressant, il y a en fait quatre types de temps : l’objectif, le subjectif, le circulaire et l’infini (absence de temps). Et contrairement à la croyance populaire, la façon dont nous sommes affectés par le temps modifie nos objectifs ! Pourtant nous « rentrons » tous dans le rang et acceptons le temps linéaire comme notre réalité fondamentalement incontestée.

Pour illustrer la manière dont nos perceptions « tombent », voici un exercice intéressant imaginé par un des mes auteurs favoris. (1) Pendant que je lis ces deux extraits, accordez une attention particulière à la manière dont votre corps répond à chacune :

1. Juste à l’instant
Un rocher a pris peur
En me voyant
Il s’est échappé
En feignant la mort (2)

2. Tout ce que vous et vos rochers de compagnie partagez est le fait que vous tombez à la même vitesse. (3)

Est-ce que la première déclaration de Norbert Mayer anime votre être de quelque manière, vous rappelant comment vous vous seriez sentis étant enfant – si tous les objets et toutes les créatures étaient vivants ?
Confrontez ça avec la seconde déclaration de Ken Wilber. Quelque chose en vous n’est-il pas mort ?
Cela ne semble-t-il pas mécanique, sarcastique et égocentrique dans le jugement intrinsèquement rationalisé à propos du rocher vu comme une créature inférieure et la référence dédaigneuse à l’animal de compagnie comme si une telle personne était stupide ? Et comme il est approprié que les références aux termes « tomber » et « vitesse » soient présentes dans la même phrase ! Pourtant n’avons-nous pas tous été conditionnés à percevoir le poème de Mayer comme étant quelque part puéril, tandis que l’observation de Wilber semble « rationnelle » et « scientifique » ? Ce que nous appelons « science » est fondamentalement la vision du monde cartésienne d’un univers comme une machine, dont chaque partie est juste un rouage d’un système. Contrairement à nos ancêtres, nous luttons pour voir le monde comme vivant parce que nous avons intériorisé la machine et par conséquent, c’est devenu le prisme au travers duquel nous percevons le monde entier.

Nous avons tous un sens inné ancré dans nos âmes avant de renaître, qui agit comme une boussole pour nous vies. Pour l’exprimer de manière archétypale, la vie est notre gard, notre dimension de part Odin ; les Nornes nous donnent notre « tout » personnel dans la vie, qui est dépendant de notre propre Wyrd issu de nos vies antérieures et des leçons que nous devons apprendre dans la prochaine. Notre « tout » est à la fois une parcelle de terre, cet espace que nous occupons dans l’ordre global des choses et un héritage. C’est pourquoi, c’est l’image par laquelle notre âme vit, un modèle – le paradigme de Platon : ton héritage, ta place sur terre et la part de ton âme dans l’ordre du monde. Cette « dimension de part Odin » est la destinée individuelle gardée dans le secret du cœur ; elle représente notre nécessité dans ce monde et notre guide est notre génie intérieur connu sous le nom de daemon en grec et pour nous comme notre fylgia.
Nous arrivons dans un monde où il est impératif de « grandir », « se dépêcher » et laisser tomber les « idées puériles » afin de pouvoir entrer dans le monde des adultes. Pourtant, en s’incarnant en humain, l’âme doit croître vers le bas pour prendre racine dans la terre, afin de pouvoir éclore en son temps – un processus qu’elle n’accomplira peut-être qu’au terme de plusieurs vies ! Ce conflit d’opposés – esprit et âme – est le début de nos problèmes en tant qu’êtres humains et il n’est pas inhabituel pour les furies de la boisson, des drogues et de la dépression to toucher les vies des jeunes adultes. Même si nous menons une vie d’une façon apparemment responsable, la mi-vie comporte souvent une crise où les gens se rendent compte qu’ils ne savent « toujours pas » ce qu’ils veulent devenir quand ils « seront grands » ! En effet, c’est tout un commerce qui a fleuri autour de l’idée de « trouver son but » dans la vie ! Ceci est un signal clair que l’âme a été négligée et suffoquée dans le sillage du temps mondial. Les enfants sont plus consciemment connectés à leur fylgia que les adultes – une conscience qui recule, donnant lieu aux symptômes classiques de l’ennui généralisé qui est épidémique en cet ère. L’ennui est une stratégie de survie innée – le signal de l’âme que nous devons nous échapper d’une situation toxique et donc, est la contrepartie psychologique d’un dégoût physique par rapport à de la mauvaise nourriture.
Malheureusement, un ennui non surveillé se transforme facilement en dépression, qui a augmenté exponentiellement ces dernières générations jusqu’à un taux important de 25% des américains dans leur vingtaine et un million de vie perdues chaque année pour cause de suicide (4). Vous voyez, la dépression allume les mêmes circuits dans le cerveau que la douleur ; et la douleur est le signal physiologique d’un organisme qui souffre, que la survie est d’une certaine façon en péril. Laissée pour compte, la dépression cause des dégâts cérébraux parce que le cerveau est physiquement inflammé ; et l’inflammation est le dénominateur commun de toutes les maladies de la civilisation moderne : diabète, cancer, asthme, allergies, obésité, artériosclérose. Comme le dit le chercheur Stephen Ilardi :
« Nous n’avons jamais été conçus pour la sédentarité, la vie d’intérieur, l’isolation sociale, la surconsommation de fast-food, le manque de sommeil, l’allure frénétique de la vie moderne ». (5)

Mais pouvons-nous en être sûrs ? Comme le dit Stephen (6), nous devons simplement considérer notre évolution génétique pour comprendre ce qui arrive. 99,9% de notre expérience humaine et pré-humaine a eu lieu il y a 1,8 millions d’années à l’époque du Pléistocène en tant que chasseurs-cueilleurs. 10 000 ans avant l’ère commune virent les prémices de la société agraire durant laquelle quelques sélections génétiques mineures de plus ont eu lieu. Puis, il y a seulement 8 générations –à partir des années 1700 – (la Révolution Industrielle) – une période de mutation environnementale radicale est survenue sans changement en parallèle dans notre fonctionnement basique d’humains par rapport à celui de nos ancêtres. C’est une des raisons pour lesquelles presque aucune des maladies de la civilisation moderne, comme la dépression, ne se retrouve dans les tribus modernes de chasseurs-cueilleurs. Ils passent leur temps en compagnies de gens qu’ils aiment et sont physiquement mobilisés au service d’objectifs adaptatifs (par exemple sécuriser la nourriture, maintenir les abris, etc.). Ils ne sont pas obligés de canaliser leurs énergies dans des activités quotidiennes que leur âme sait être futiles, malsaines et précaires comme nous le sommes dans le monde moderne post industriel. Et l’allure de changement sans précédent continue à accélérer plus loin de la nature, avec ses évolutions technologiques extraordinaires et la dégoutante abomination de nos provisions.

Je voudrais également ajouter à la déclaration de Stephen Ilardi que, bien que nous soyons isolés socialement, la masse de population a atteint des proportions épidémiques dans l’ouest. Et la plupart des gens de cette population sont des aliens qui, pour nos gènes du Pleistocene, représentent une menace : souvenez-vous, l’amygdale répond préalablement à la conscience. Nous étions supposés être en tribus de notre propre peuple, pas dans des communautés multiculturelles artificielles. De la même façon, ce qui conduit une personne dépressive à s’isoler peut très bien exprimer un ancien besoin de l’âme de méditer, de communier avec les déités chtoniennes, de partir en quête de vision, etc., ce qui est rejeté par la vie moderne. Et également, toute la compagnie dont il a besoin pour remède est sa propre tribu, pas des Rastas Umbongo d’Uganda !

Comme nous l’avons vu l’année dernière, (7) la dépression que de nombreuses personnes vivent aujourd’hui n’est pas une simple tristesse : c’est la nuit noire de l’âme parce que l’influence de la fylgia sur nos vies est gravement entravée, quand elle n’est pas efficacement asphyxiée. Il est nécessaire à l’âme de la Nature qu’il y ait une relation synchrone entre ce que nous percevons comme notre propre âme et celle du Monde Naturel. Littéralement, nous ressentons la souffrance du monde naturel. Les religions indigènes n’étaient pas seulement conscientes que nos ancêtres humains vivent encore parmi nous ; elles savaient aussi que les arbres, les plantes et les animaux sont littéralement nos ancêtres également parce que leur incorporation dans la chaîne alimentaire signifie que leur matière et leur essence les ont non seulement nourris dans la présent, mais aussi affectés dans l’évolution de leurs gènes et de leur esprit. La science nous a appris ceci : si une personne mange une plante, la plupart des bactéries et des microorganismes présents à l’intérieur se retrouvent alors actives dans son intestin et cela devient une partie importante du système de renseignement de son corps provenant donc de la consommation de nourriture locale. Les anciens systèmes de médecine expliquent cette synchronie entre les humains et la Nature.

Cette connexion vitalisante entre l’humanité et le monde naturel a été comprise mythologiquement comme un saint pouvoir vert connu sous le nom de Viriditas. L’un des écrivains les plus prolifiques à ce sujet était l’auteure, compositrice, philosophe, mystique et visionnaire Hildegarde de Bingen qui a mis en lumière la connexion vitale entre la santé « verte » du monde naturel et la santé holistique de la personne humaine.
Par conséquent, son approche de la médecine comme une sorte de jardinage, n’était pas seulement une analogie, mais une forme de compréhension du fait que les plantes et les éléments du jardin sont des homologues directs des humeurs et des éléments du corps humain, dont le déséquilibre conduit aux maladies et pathologies.
L’art et la science de Viriditas est préservé par le Mouvement de l’Agriculture Naturelle, et en particulier dans l’agriculture biodynamique et le travail de la « Révolution d’un seul brin de paille » du fermier et philosophe japonais Masanobu Fukuoka (8) pionnier des méthodes d’interférence minimale de l’homme lors de la culture.

Ainsi, Viriditas est l’expression de l’âme du monde dont la forme est décrite de la plus belle manière par l’auteure de science-fiction, Kim Stanley Robinson:

« Regardez le dessin que forme ce coquillage. Le cornet tacheté, se courbant vers l’intérieur à l’infini. C’est la forme de l’univers lui-même. Il y a une pression constante, poussant vers le motif. Une tendance à évoluer vers des formes de plus en plus complexes. C’est une sorte de gravité, un pouvoir vert saint qu’on appelle Viriditas, et qui est la force motrice du cosmos. La vie, vous voyez. » (9)

C’est pourquoi l’âme répond à la beauté, à l’architecture classique, à l’art agréable et au monde naturel ; c’est la raison pour laquelle elle rejette les gratte-ciels monstrueux, l’art dégénéré et les environnements de ghetto. Le premier fait grandir et évoluer ; le dernier dégrade et annihile.

Cette force implosive, se courbant sans arrêt vers l’intérieur et poussant vers le motif est la fractalisation de la nature et nous rappelle l’incarnation d’Odin et sa quête de l’hydromel poétique. C’est la récolte surgissant de l’expérience de la tension de la dualité résidant dans les anneaux serpentins du temps, l’âme du monde se transformant dans la cuve alchimique du temps…

Depuis le soleil noir de l’alchimie, le nigredo, nous recherchons l’illuminant et transmutant rayon vert !
Le rayon vert de l’alchimie est particulièrement convoité. C’est le précédemment mentionné Viriditas ; il scintille à travers la Nature, est vu fréquemment comme le « rayon vert » des soleils levant et couchant et également comme la transformation de diverses substances chimiques lors de leur combustion.
La lumière ou le rayon vert est le symbole de l’illumination, de la vie et de la mort et les alchimistes y voyaient aussi ce « feu secret » comme « l’esprit de vie » à l’image d’un cristal vert, translucide et fusible… C’est l’étoile émeraude d’Odin-Wotan, souvent désignée comme l’ancienne tablette d’émeraude en alchimie. Elle contient la formule secrète de la transformation de la réalité et c’est cette dernière qui donna naissance à l’alchimie elle-même et aux quêtes hermétiques pour l’éveil spirituel.

Par conséquent, le vert est fortement symbolique. Le vert est féminin et yin, souvent vu comme étant opposé au rouge (masculin, yang) et symbolisant la transformation, le renouveau, le printemps, l’éveil, la longue vie, l’espoir, l’immortalité, la fraîcheur, l’eau – et la vie elle-même. Ses prétendus aspects « sombres » sont la mort, la décomposition et la maladie ; mais vus sous l’angle de la vie, ces aspects s’entremêlent et se soutiennent les uns les autres puisque ce sont tous des processus de transformation. Alchimiquement-parlant, ces soi-disant aspects « sombres » composent le processus de putréfaction, connu sous le nom de nigredo. Les alchimistes voyaient en particulier le processus de transformation du rouge au vert comme des interactions entre les différents royaumes du masculin et du féminin.

Les entités et forces qui s’expriment dans les propriétés des éléments matériels ou des états de la matière ont, dans des temps révolus, été perçus comme des créatures élémentaires – gnomes (terre), sylphes (air), salamandres (feu) et ondines (eau). Dans le vert de la nature, elles étaient vues comme des fées. Le mot « fée » dérive du Moyen Anglais et du Français signifiant « terre », « royaume », activités caractéristiques (impliquant principalement des enchantements), peuple légendaire (connu sous le nom de fay ou fée) et les ancêtres. Le Latin originel faisait référence à l’une des Parques personnifiée et peut donc également désigner un gardien ou un esprit tutélaire et à partir de cette étymologie, une parole prononcée, une décision, un décret, une prophétie, une prédiction etc. et donc aussi, le sort et le destin. Voyez-vous maintenant comment le Viriditas est ainsi l’expression de l’âme et de quelle manière il est intimement lié avec notre dimension de part Odin et notre fylgja, le guide e l’âme ?

Evidemment, en tant qu’esprits de la nature, les fées sont issues de la forêt sauvage éternelle et en tant que telles, sont souvent associées aux déesses vierges.
Dans les mythologies, les vierges comme Idun, les dakinis, Artemis, Quan Yin, Persephone, les gopîs de Krishna, la Vierge Marie, etc. reflètent la nature éternelle toujours verte de la jeunesse et de l’immortalité, un état dans lequel on est éternellement posé et prêt, attendant à la limite du changement. C’est le tendre, surnaturel esprit de la beauté, le potentiel, l’innocence, un délicat monde vert de préoccupations d’un autre monde (la Nature attentive, etc.) qui n’a que peu ou pas de rapport avec ce que nous appelons habituellement « le monde réel ». C’est un monde autonome, le Jardin d’Eden, l’Ile d’Avalon, le Jardin des Hespérides duquel la princesse hyperboréenne d’A-Mor (10) dispense les pommes d’immortalité et l’hydromel poétique qui inspire la poésie de l’âme.

Dans la mythologie, les vierges « tombent » dans le chagrin (par exemple dans le Christianisme la Vierge Marie devient la Mère des Douleurs). Ceci est hautement symbolique de la légende de « La Chute ». En mangeant la pomme offerte par le serpent, nous sommes supposés être « tombés » dans le monde de la dualité et cela apporta une grande peine dans le monde parce qu’Eve a désobéi à Dieu ; et donc nous avons été chassés d’Eden pour avoir péché. Cependant, c’est un faux mythe propagé par des forces démiurges. La vérité est celle-ci :

« Quiconque les mange, ou entre en contact avec elles, découvre l’éternelle jeunesse, la vie éternelle. » (11)

Dans notre mythologie, Idun, (dont le nom est synonyme d’Eden et signifie « Celle qui Renouvelle », toujours jeune, rajeunissante ou celle qui rajeunit), est la plus pure de cœur et distribue les pommes de renaissance aux dieux. Ainsi, nous n’avons jamais été bannis du Jardin d’Eden, (plus précisément appelé le Jardin d’Odin). Il est toujours en nous comme le feuillage persistant de la vie, l’âge d’Or éternel intérieur et l’aspect immortel de notre gestalt, notre forme. Si nous comprenons le monde entier comme un récipient alchimique dans lequel nous sommes complets, nous sommes simultanément dans un éternel Âge D’Or et « La Chute ». « La Chute » est une allégorie pour le mouvement des Âges dans le temps lui-même : le bourgeon de la Vierge devient la fleur de la Mère. C’est l’âme séparée de son amant – spirituel – dans le monde de la forme. Ici dans le monde de la forme, le voyage de retour de l’âme à l’Hyperborée commence : l’âme se renforce et trouve l’esprit dans le monde en rencontrant et se joignant à son animus. Elle se déplace en cycles réflectifs des Grands Âges, la réincarnation, vie/mort/renaissance, le cycle des saisons, etc. et devient l’esprit du changement en mutation par opposition à celui de l’éternelle attente. Et dans le changement, il est perçu comme une perte du Soi originel, une perception provenant de l’égo lié matériellement dont la vision limitée se considère comme un objet séparé au lieu d’une partie intégrante de l’objet, votre être. Par conséquence, ce n’est seulement une « perte » que si elle est perçue de manière myope à travers la lentille de l’égo dualiste comme péché et corruption – exactement comme l’interprétation Judéo-Chrétienne du mythe du Jardin d’Eden le dépeint !

Les pommes en elles-mêmes sont un symbole important de fertilité et sont particulièrement associées dans la mythologie avec les Vanes, êtres symboliques à la fois de vie et de mort. Découpées, elles révèlent un pentagramme, qui symbolise aussi l’étoile du matin et du soir, connue différemment comme Vénus/Aphrodite/Freya. Freya bien sûr, est la patronne de la fertilité humaine, notre déesse de l’amour sexuel tandis que les pommes sont réputées pour avoir des qualités aphrodisiaques (le mot « aphrodisiaque » étant dérivé du nom d’Aphrodite). Notre nature sexuelle – connue comme l’esprit d’Eros – déplace l’énergie de Kundalini localisée à la base de la colonne vertébrale, la vitis embla, le serpent qui s’enroule autour de la base d’Yggdrasil et qui est l’ourobouros sacré de la magie et de l’alchimie. Ce serpent est symbolique de la nature ambigüe de l’énergie de la Kundalini qui peut apporter l’illumination ou l’annihilation. A travers le serpent de l’éternité vivant à l’intérieur du corps/de l’âme, l’âme recherche l’union avec l’esprit et circule dans le sang. Elle est la mémoire de nos origines divines qui sont rappelées lors des rituels (dont la racine signifie sang), où le rituel cherche à unir l’âme et l’esprit, ainsi catalysant l’initiation et les états d’illumination. La sexualité est le siège de notre vitalité, prana, Kundalini, la source de notre vie éternelle. Elle apport le mariage de l’âme et du corps, male et femelle. L’esprit érotique Eros, s’incarne pour rechercher l’union avec l’âme verte – (l’animus cherche l’anima) – « dans le temps ». Ainsi, l’amour sexuel nourrit l’âme et dans la bulle de l’amour, avec sa vague océanique de fluidité, nous revitalise, tournant corps et âmes dans des vaisseaux alchimiques mûrs pour la transformation et la renaissance.

Hélas en cet âge en dégénérescence, l’esprit de la vierge est extrêmement mal compris et tellement vulnérable face à ceux qui voudraient corrompre son innocence. Comprise littéralement, comme une réponse au monde vue de manière cartésienne – (par exemple sans âme) – l’innocence est vue comme de la naïveté qui a besoin de « grandir » et comme la jeune fille, en proie à la corruption.
Comprise correctement, la virginité signifie « sans malice » et « pureté d’intention ». Les « voies du monde » tendent vers l’illusion et la dépendance au temps linéaire, préférant l’action progressive matérielle à l’existence : ainsi, nous perdons notre sens de la tendresse aimante, de la candeur et la connaissance du fait que nous sommes immortels, que l’âme est éternelle et cyclique « dans la Nature » et que l’esprit de l’éternelle vierge toujours verte n’a jamais été perdu mais vit en nous ; et donc nous devenons affligés et prions les forces égotiques lokiennes qui règnent sur Midgard, percevant les bois sauvages intérieurs comme un endroit séparé applicable seulement à la fantaisie de l’imagination, une île « coupée » de la « réalité » existant « derrière les brumes » – une île d’Avalon – qui ne peut être entraperçue que par quelques initiés ou alors, comme une sorte d’Âge d’Or romantique et brumeux passé.

Cependant, notre capacité à imaginer est un don des dieux, une image de nos plus profondes aspirations nées d’eux qui reflète une réalité vivant en nous, dans la mémoire de notre sang et donc une réalité présente dans la flasque alchimique du monde. C’est une vision durable et inviolée de l’esprit qui cherche à renouer avec l’âme verte, Psyché qui recherche Eros. L’imagination – et en particulier, notre imagination mythique – est notre âme, l’âme de notre peuple, qui s’exprime dans le monde de la forme. En l’écoutant avec le maintien parfait de la vierge verdoyante, nous avons conscience du monde jusque dans un brin d’herbe. En écoutant dans un état de chute, nous tondons l’herbe et la jetons stupidement à la déchetterie !

L’une des conséquences les plus tragiques de la vie moderne est la manière dont les familles négligent involontairement et malmènent la fylgja. Tous, parents comme enfants, sont nés avec une dimension spécifique de part Odin – un appel ou une tâche à être ou faire quelque chose dans l’ordre de la Nature et à combler un vide pour notre peuple que personne d’autre ne peut remplir. Il existe une recherche intrigante (12) qui montre qu’à partir de 3 à 8 ans, l’héritabilité génétique a moins d’impact sur l’enfant que son caractère inné. Puis de nouveau, à l’adolescence et finalement, vers la moitié de la vie – quand cela se fait sentir, le caractère et le destin deviennent plus inéluctables – l’influence des gènes s’estompe également. A un moment, la société comprit que le rôle des parents était de subvenir aux besoins physiques de l’enfant. Puis dans l’ordre des choses, cet environnement pourrait amener des défis appropriés, qui se révèleraient plus tard comme une partie du modèle de l’émergence et du renforcement de l’expression de l’âme pendant la vie. Ce paradigme, ce modèle, comme nous l’avons noté plus haut, est une image réduite que l’âme tient en son sein et qui fait partie de l’ordre du monde, un modèle placé là avant la naissance, ce que notre mythologie atteste (13).

Cependant, afin d’élever le modèle de l’âme dans l’expression du monde, l’idéal est d’avoir un mentor dont la compréhension correspond à l’image pré existante du cœur de l’enfant. Exprimé autrement, les parents procurent un cadre sécurisant, tandis que le mentor est un professeur qui peut apprendre à l’enfant. C’est pourquoi, dans la mythologie, les capacités magiques sont souvent affûtées en travaillant avec un magicien ou un maître artisan qui perçoit le potentiel de la jeune personne avec « l’œil du cœur », une allégorie pour désigner la manière dont le sort inexorable et la destinée jouent pour parfaire l’âme dans Midgard. Malheureusement aujourd’hui, la compréhension essentielle des mentors – ou alors des exemples à suivre a été transformée système éducatif issu d’une ligne de parti tandis que le désir naturel de l’enfant de chercher un modèle est fréquemment déformé pour suggérer qu’il ou elle a des tendances homosexuelles refoulées. Dans le même temps, les modèles présentés sont généralement pathétiques, dégénérés, vides de sens, des vedettes des médias en plastique.

La fausse idée psychiatrique parentale que le monde de l’enfant repose entièrement sur leur capacité à être de « bons parents » n’empoisonne pas seulement la vérité, mais déforme un rôle essentiel familial en champ de mines destructeur. Les impératifs moraux artificiels de l’éducation parentale moderne changent le père en un bon gars qui aime Disney, la nourriture pour enfants, les gadgets, et les remarques banales tandis que la grande mère de la création et de la destruction (personnifiée psychiatriquement par notre mère biologique) est blâmée comme la source de tous nos succès et nos échecs dans la vie ! En attendant, cette pression psychologique monstrueuse si injustement imposée aux deux parents étouffe l’influence des leurs propres fylgja et de ce fait, ils reproduisent souvent la même chose sur leurs enfants, confondant répression avec le fait de leur apprendre comment vivre dans « le monde réel ». Apathie, dépression, mauvais traitements, violence, indifférence et intolérance parmi les membres de la famille font partie de la réponse diabolique de la partie sombre réprimée. C’est un sujet fascinant et important bien au-delà du cadre de cet exposé, autant dire que l’ancienne sagesse de l’apprentissage, du mentorat et des rites de passage ne peut être surestimée dans son rôle central d’élévation de l’émergence organique et la croissance de « la graine », la caractère émergeant et l’appel de l’âme, des sous-couches de vie dans le cœur du monde. Ce n’est pas par accident si les poètes et les philosophes parlent souvent de l’âme comme étant un jardin dont il faut s’occuper et qu’il faut cultiver ; pour le royaume de Viriditas, les procédés sont similaires. Le mot « bonheur » dérive du grec « eudaimonia », signifiant un daemon bien heureux ; et un daemon bien heureux représente notre portion de l’ancienne forêt sauvage s’exprimant dans la vasque alchimique du temps. Notre vocation doit simplement – par nécessité – s’accorder avec l’âme de la Nature. C’est pourquoi aucun atelier de développement personnel n’apprendra aux gens comment être heureux et en harmonie avec leur but dans la vie tant que ne sera pas venu le temps où ils s’en remettront sincèrement au jardin de l’âme, par opposition à l’esprit de l’égo !

Encore une fois, revenons au cœur du problème. L’année dernière, (15) nous avons référencé les 3 principales oscillations biologiques du corps humain : le cœur, le ventre et le cerveau. Nous avons appris que le cerveau doit être entraîné vers le cœur et non l’inverse, parce que c’est le cœur qui reçoit et traite l’information provenant de notre environnement et l’envoie au cerveau pour analyse en affectant simultanément notre traitement émotionnel pour influer sur le fonctionnement de l’amygdale. Le cœur perçoit l’intégralité et l’intérieur ; le cerveau linéaire fondamental ne perçoit seulement que les objets euclidiens – des formes sans âme. Cela dit, nous devrions utiliser les trois oscillateurs correctement à travers la vie. Le cœur utilise l’émotion, la sensation et l’empathie ; le ventre est notre intuition : il y a une certaine connaissance interne en son sein – qui est que, même si une perspective est terrifiante, vous « savez » que vous devez le faire ! Le cerveau est l’aspect logique, rationnel, historique de la triade : il planifie l’aspect linéaire, le « faire ». Et la santé des trois est essentielle pour notre épanouissement spirituel rendant la qualité de notre environnement et en particulier notre alimentation – cruciale aux processus. Les forces de vie intrinsèques à notre nourriture sont la clé de notre bien-être mental, physique et spirituel. Inversement, il a été découvert que les carences du microbiome du ventre – (qui constitue, la communauté écologique des micro-organismes commensaux, symbiotiques et pathogènes qui partagent littéralement l’espace de notre corps) – sont une cause majeure de la plupart des maladies dégénératives, dépressions et problèmes comportementaux chez l’enfant. Nombre de ces micro-organismes existent au niveau de le l’embranchement (phylum) (16) de telle façon que nous sommes littéralement partie intégrante de la toile de Mère Jorth : nous sommes à la fois récepteurs et transformateurs d’innombrables flux d’information à travers sa toile terrestre infinie de relations.

En outre, l’agriculture biodynamique fonctionne comme il faut avec les émanations cosmiques des planètes qui, avec les bonnes conditions et pratiques de culture, se retrouvent incluses dans les plantes et les animaux que nous mangeons, ce qui nourrit nos corps subtils et donc, notre capacité de développement spirituel et par conséquent notre épanouissement en tant qu’expression naturelle et éclairée de l’âme du peuple. La santé et la diversité du microbiome à travers l’embranchement augmente l’opportunité d’une évolution organique novatrice, qui vitalise l’organisme de la terre tout entier. Dans le domaine de l’agriculture, c’est le don que nous a fait Sif du réensemencement et le potentiel infini de la croissance évolutive à tous les niveaux de matière et de conscience.
C’est Viriditas, le saint verdoiement de la terre dont la vérité réside dans le fait que c’est une idée fausse et dangereuse de s’imaginer que la moindre espèce, grande ou petite, est sacrifiable. Le grand mensonge de la soi-disant « révolution verte » moderne, la monoculture industrialisée a prouvé cela de façon concluante et a jeté la terre entière sur une lame de couteau de suicide. Et Idun pleure de l’appauvrissement de l’âme.

En vérité, la plus importante et l’unique révolution de notre temps est le saint travail des fermiers courageux suivant les traces de visionnaires tels que Masanobu Fukuoka et Rudolph Steiner, qui pansent patiemment les plaies de terres abandonnées, stériles, empoisonnées, désertifiées si atrocement abusées par les pratiques agricoles d’entreprises pour qu’elles redeviennent fertiles et éclatantes, des organismes agricoles vivants. Gloire à Sif !

« Comme le ciel d’hiver vêtu d’azur et couronné d’or, les dieux du Valhalla trônent. Dans l’entrée se tient chaque noble Norne, portant ensemble le bouclier inscrit de runes de la date. Elles ont créé les lois et choisissent la vie pour les Enfants des Âges et le Wyrd pour les hommes ». (17)

C’est un mensonge de croire que nous ayons jamais été bannis du Jardin d’Eden. Car il est toujours en nous. Il est faux d’imaginer que nous devons revenir à un état primordial d’innocence inconsciente ; car ce n’est pas ce que les Nornes ont décrété pour nous. Nous sommes les Enfants des Âges et notre sort est leur cadeau, notre fylgja qui guide notre Wyrd. Oui, notre âme a besoin de retourner dans le giron de l’Eden, une ré-immersion dans la cuve alchimique du monde. Mais c’est un retour conscient, l’un de ceux qui est forgé comme une véritable révolution verte dans la matière – d’un éveil pleinement conscient. C’est celui de l’Homme Complet et de la Femme Complète, (18) une nouvelle Hyperborée et un nouvel univers réveillé. Odin descend dans la matière à la recherche de l’hydromel de l’expérience qui découle de notre expression de la tension de la dualité du monde de la forme. Le temps éclaire ou le temps tue ; cela dépend de la façon dont nous nourrissons patiemment et consciemment le jardin de notre âme dans notre quête de l’insaisissable étoile d’émeraude d’Odin-Wotan.

Au centre d’un vaste, beau bois sauvage à des millions de kilomètres pourtant ici et maintenant, se dresse un arbre d’une hauteur infinie et d’une profondeur insondable. Sous sa vaste canopée d’émeraude et ses branches serpentines se trouve une jeune fille qui pleure. Posée sur la lame d’un couteau, elle attend son sort. Allez-vous enfoncer le couteau profondément dans sa poitrine et disséquer le cadavre de son cœur dans le laboratoire de votre égo, profanant tout semblant de forme tout en restant aveugle au rideau d’un nouvel Âge sombre qui tourbillonne autour de vous ? Ou allez-vous lui apporter le baiser délicat de l’amour éternel et unir anima et animus dans la mémoire de votre sang, dans le rayon vert lumineux de votre âme et le cœur d’émeraude éternel du monde ? Croyez-vous au Groenland ? Ou le Groenland est-il présent dans un brin d’herbe ? Gloire au Grand Avenir !
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NOTES DE BAS DE PAGE
1. Stephen Harrod-Buhner
2. Norbert Mayer
3. Ken Wilber
4. Stephen Ilardi
http:www.youtube.com/watch?v=drv3BP0Fdi8
5. ibid
6. ibid
7. Eowyn OR, The Black Sun of Alchemy in Depression and Dark Nights of the Soul
8. Masanobu Fukuoka, La révolution d’un seul brin de paille : Une introduction à l’agriculture sauvage, Guy Trédaniel Editeur, 2005 (1975 au japon, 1985 aux États-unis), 202 p.
9. http://en.wikipedia.org/wiki/Viriditas
10. Miguel Serrano, « A-Mor: without death », NOS: The Book of Resurrection, Penguin Books, 1989.
11. ibid, p177
12. James Hillman, Le code caché de votre destin, Editions Robert Laffont, 1999.
13. The Circle of Ostara, Odinic Mythology part 1
14 James Hillman
ibid
15 Eowyn OR
ibid
16. http://fr.wikipedia.org/wiki/Embranchement_%28biologie%29. « En systématique, l’embranchement (ou phylum) est le deuxième niveau de classification classique des espèces vivantes. »
17. The Book of Blotar of the Odinic Rite, The Odinic Rite, 1993.
18. Miguel Serrano
ibid
BIBLIOGRAPHIE ADDITIONNELLE
Peter Toohey, Boredom: A Lively History, Yale University Press, 2011.

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Category: OR ET ODINISME

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